Les 24h du Mans de 1980 ont été une édition pas comme les autres. Un évènement marquant pour les habitants de la Sarthe.

14 juin 1980, 48ème édition des 24h du Mans. A l'approche du départ de la course, la tension monte. Les spectateurs prennent place dans les tribunes sous une pluie battante. Des conditions de course qui s'annoncent être compliquées pour les 55 pilotes présents sur la ligne de départ. Parmi eux, un candidat fait office de favori pour le titre: Jacky Ickx. Déjà vainqueur à 4 reprises dans la Sarthe, le Belge semble le mieux armé. Une écurie suscite un grand intérêt. En effet, Jean Rondeau a construit sa propre auto pour participer à la plus grande course d'endurance au monde. Une équipe 100% mancelle puisqu'il est né au Mans, et sa voiture la M379 a été créée à Champagné, à quelques kilomètres du circuit. Tous les locaux rêvent de voir cette victoire, une histoire incroyable va peut-être s'écrire.

Pour se faire, Jean Rondeau aligne trois M379 au départ de la course, la n°15 (Henri Pescarolo/Jean Ragnotti), la n°16 (Jean Rondeau/Jean-Pierre Jaussaud) et la n°17 (Gordon Spice/Philippe Martin/Jean-Michel Martin). Dès les essais, cette équipe créée la première surprise en remportant la pôle position. La n°16 a réalisé un temps moyen de 3'44''2. Et oui, cette édition marque un changement dans le choix de l'ordre de départ. Les années précédentes, le pilote ayant effectué le tour le plus rapide s'élançait en premier. Désormais, il s'agit du temps moyen de l'équipage. John Fitzpatrick avait réalisé le meilleur tour avec un chrono de 3'40''2. Une des trois voitures mancelle se retrouve en pôle position. Un évènement qui va agiter les foules. Le rêve est permis. Attention tout de même, aucun course n'est gagnée à l'avance, et encore moins celle des 24h du Mans. 

Un départ sous l'eau

Avec un départ sous l'orage grondant et une pluie importante, ce rêve va légèrement se dissiper dès les premières minutes de course. John Fizpatrick à bord de sa Porsche 953 prend la tête. L'Anglais ne semble pas perturber par les conditions impressionnantes. Derrière lui, quatre autres équipages restent dans les clous dont deux Rondeau, mais aussi la Porsche de Ickx. Ce dernier va réussir à mener la course une fois la météo apaisée. Mais le Belge va tout de même connaître quelques problèmes mécaniques qui va le forcer à s'arrêter. Un arrêt qui va ravir les Manceaux puisque la n°15 de Pescarolo et Ragnotti s'emparent de la première position aux alentours de minuit. Comment ne pas y croire ? Le rêve était-il vraiment permis maintenant ? Oui, mais le rêve va être une nouvelle fois de courte durée. Le joint du culasse fini par céder et va marquer l'arrêt définitif de la n°15. Un coup dur pour l'équipe Sarthoise, mais Jean Rondeau ne compte pas baisser les bras. Au contraire, le Français fait preuve d'une grande résistance et ne sera jamais distancé. La Porsche n°9 connait un nouveau coup dur dans la matinée. Le pignon de boite de vitesses s'est cassé et engendrera un arrêt de 27 minutes. Grâce à celui-ci, Jean Rondeau est leader. La victoire est proche pour le Français.

La pluie va faire son retour dans les dernières heures de la course et va venir compliquée la tâche. Dans le virage Dunlop, la voiture n°16 part en aquaplanning et fonce vers le rail. Heureusement, les pilotes juste derrière échappent à l'accident. Après un retour au stand et du bricolage, l'auto repart sur le circuit. Sonné, le pilote constructeur va laisser la main à son coéquipier. Jean-Pierre Jaussaud est au volant et a failli lui aussi foncer dans le rail. Les conditions météorologiques sont horribles. La pluie s'abat de plus en plus fort, les pneus lissent glissent sur le circuit. Les 24h du Mans arrivent à leurs termes, Jean Rondeau est en train de réaliser son rêve, le rêve de nombreux Manceaux. Il va gagner chez lui avec sa voiture. Jacky Ickx terminera second avec cinq minutes de retard et la troisième M379 complètera le podium. Personne n'a réussi à réaliser ce que Jean Rondeau a fait cette année là. Tout simplement historique.